La magie n’a pas d’âge, elle manifeste le lien subtil qui unit toutes les créatures et toutes les formes de vie présentes dans l’univers. Les humains capables de percevoir les réalités invisibles au commun des mortels et les êtres magiques tels que les fées, lycanthropes et autres gobelins, ont la possibilité d’accéder à l’Outremonde. Cette dernière dimension cachée et notre bon vieux plancher des vaches sont reliés par des passages : entrez dans une pièce pour pénétrer dans l’Outremonde, parcourez une centaine de mètres dans celui-ci, désirez revenir chez vous par la première porte interdimensionnelle venue, et vous avez toutes les chances de vous retrouvez sous des latitudes inconnues. Vous pouvez également découvrir des raccourcis par des chemins parallèles. Faites attention de ne pas vous planter !
Harry Dresden a été élevé par un père attentionné et prestidigitateur – pas magicien. La filiation magique de Dresden est matrilinéaire : cette mère énigmatique que l’on pressent comme le centre des événements qui tombent sur Harry. Dresden ne sait rien de celle qui disparut dès son plus jeune âge. Une obscurité semble se répandre à sa seule évocation.
La marraine de Harry est une fée, une sidhe, particulièrement sadique – autant dire démoniaque -, quant à son parrain qui fut son maître, c’était un mage noir. Il a du éliminer ce dernier à l’aide d’une invocation mortelle, violant dans le même temps la première loi de la magie, se plaçant par cet acte dans la ligne de mire de La Blanche Confrérie et des membres du Haut Conseil. La dernière institution est une assemblée de mages supérieurs qui veille au grain : diplomatie et querelles d’arcanes, surveillance des pouvoirs de natures contradictoires en conflit, être immortels occultés qui doivent le rester, etc.
Les Dresden Files de Jim Butcher ne constituent pas une série pour les geeks, au contraire des ouvrages de Charles Stross. Les influx auxquels fait appel la magie insupportent les circuits électroniques et toutes machineries, si simples soient-elles, à partir du moment où l’électricité est mise en jeu. Le chauffe-eau de Dresden est sujet à la panne, alors un ordinateur, vous pensez… Harry est donc coutumier des douches froides et de l’inconfort d’un style de vie des mondes anciens, bien qu’il habite en plein cœur du centre grouillant de San Francisco, fleuron frénétique de l’urbanisme de la côte est des États-Unis.
Jim Butcher ne nous décrit pas de façon exhaustive la jungle urbaine – chère à Duke Ellington (cf. l’album Money Jungle) – d’une grande ville américaine, mais il utilise certains aspects pour les transmuter en zones d’influences des puissances occultes lumineuses et obscures.
Les établissements gothics, exclusivement nocturnes, sont dirigés par des vampires, des créatures avides qui font tourner la tête à ces messieurs et dames. Bianca est la patronne de La Chambre de Velours, connue et appréciée à travers son service d’escort girls : grand standing.
Harry Dresden a tout de même deux amis
Karrin Murphy
Elle dirige le département de la Police de Chicago spécialisé dans les affaires étranges : meurtres rituels et touti quanti. Dresden est consultant auprès de ce service. Seule Murphy lui fait confiance, enfin… cela dépend des chapitres. Elle est experte en aïkido. Elle partage une profonde amitié avec notre magicien. Tome 4 inclus : ils ne sont pas amoureux.
Michael, le chevalier
Marié avec une ribambelle de petits. Le père de famille exemplaire.
Sa compagne lorsque cela sent le brûlé, c’est Amoracchius. Une épée médiévale d’ 1m50 qui contient dans sa garde un clou imprégné du sang de Jésus Christ. Une arme dangereuse et convoitée. Michael est craint de tout le monde. Sa réputation repose sur l’aura de puissance qui émane de lui – une résurgence du pouvoir de la Foi -, et parce qu’il a terrassé un dragon en combat singulier. Dans l’univers des Dresden Files, un dragon n’est pas tant connu à cause de la forme terrifiante qu’il peut revêtir, que par ce qu’il est une des créatures surnaturelles les plus extraordinaires, réceptacle d’un pouvoir immense.
Michael ressemble à un forestier, de taille moyenne. Son apparence est modeste, à l’image de son humilité.
La question de la Foi n’est pas un sujet de discorde entre Harry et lui, ils s’associent sans autre forme de procès lorsque les ténèbres se font discourtoises. Et puis Dresden n’est pas capable de terrasser un dragon, ni même d’ailleurs de lui parler sur un ton inapproprié…
La présentation de Dresden dans l’annuaire et sur sa devanture
HARRY DRESDEN – MAGICIEN
Récupération de biens. Investigations paranormales.
Consultations & conseils. Prix attractifs.
Pas de filtres d’amour. Pas d’amulette porte-bonheur.
Pas d’animation de fêtes d’aucune sorte
Le moment où l’on s’apesantit sur le tome 5, Les masques mortuaires, dernier opus disponible en langue française
Saviez-vous que les Anges Déchus sont toujours soumis à la volonté divine ?
Les marques profondes laissées par le manichéisme nous feraient perdre notre catéchisme…
Il est dans l’ordre des choses que les anges n’aient pas de volonté propre. Il est dans la nature des anges d’obéir à la volonté de Dieu, quelles que soient les perceptions humaines de ces événements.
Même les Déchus.
Même le plus beau d’entre tous.
Les deniériens – de l’Ordre du Denier obscurci – ont bien compris les points qui viennent d’être rappelés. Leur toute puissance angélique est limitée en ce bas-monde. Les Lois sont ce qu’elles sont. Les transgressions des principes ne résistent pas à un exorcisme bien mené.
Nombreux pourraient en témoigner.
La valeur fondamentale de l’être humain – encore et toujours selon les Lois divines -, réside dans sa faculté de choisir. Même si tout est écrit de toute éternité, le libre arbitre est central dans la condition humaine.
Paradoxe d’une liberté première, tension du Seigneur des Mondes vers ses créatures.
Les deniériens emploient un procédé éminemment subversif pour récolter des âmes. Ils imitent le Créateur avec des relents de soufre. Ils tendent la main aux hommes. Ils proposent une collaboration : bénéficier des pouvoirs angéliques par choix, même si la contrepartie trempe dans d’obscures terres viciées. Le denier qui est offert scelle le pacte entre le déchu et l’humain, ce dernier étant théoriquement libre d’arrêter à tout moment la symbiose maléfique.
Bien-sûr, tout n’est pas si simple… Toucher un denier éveille dès le premier instant une tentation presque irrépressible : le premier pas dans la poursuite d’un pouvoir qui dépasse l’entendement. Les siècles s’écoulent en augmentant l’addiction de l’homme soumis à mille tourments [la souffrance est une forme d’énergie], et qui dans le même temps goûte l’exquise saveur d’une puissance angélique dont l’ange déchu, le deniérien, est la source.
Les Lois de Dieu sont détournées à travers un vecteur privilégié de l’expansion du Mal : l’humanité.
Pour des raisons qui nous échappent, même dans ce cinquième tome, les deniériens en veulent particulièrement à notre valeureux magicien Harry Dresden. Il y a des personnes qui ont tendance à accumuler les situations critiques. Harry possède un véritable don en la matière. Au sein d’une configuration événementielle classique, si le danger surgit, et même s’il s’agit d’entités surnaturelles, garder la tête froide peut suffire à un magicien pour faire face et invoquer ce qu’il se doit. Évidemment, si votre ancienne petite amie se ramène et qu’elle est en pleine transformation vampirique, il est plus difficile de se concentrer. En outre, un vieux guerrier, un vampire transformé depuis des siècles, lui, débarque d’Amérique latine pour vous défier, c’est-à-dire en d’autres mots : vous mettre à mort. Devant un tel concours de circonstances “contraignantes”, votre esprit se retranche bien naturellement dans des régions inquiètes où il est de plus en plus difficile d’espérer voir le bout du tunnel.
J’ai failli oublier : aucun homme n’a pu à ce jour “tuer” un deniérien.
Autre oubli de taille (!) : Dresden est engagé pour retrouver le Saint Suaire de Turin, mais il ne sera pas le seul à le convoiter…
Eh ben… c’est pas gagné…
Pour ceux qui pensent que tout va bien se finir par l’accession de Harry Dresden à un super niveau de magie pour tuer les déchus, vous êtes dans l’erreur.
Harry n’arrive pas à combattre un dragon, alors un deniérien, vous pensez !
Les chevaliers de la Croix ne sont pas loin. HEUREUSEMENT POUR NOTRE AMI.
Vous connaissiez Michael et sa sainte lame Amoracchius. En réalité, il y a trois épées, donc trois chevaliers dont les valeurs individuelles, le poids de leurs âmes respectives, se confondent avec la vertu qu’incarne leur épée.
Shiro et Fidelacchius [incarnations de la Foi]
Sanya et Esperacchius [incarnations de l’Espérance]
Michael et Amoracchius [incarnations de l’Amour]
Un clin d’œil appuyé de Jim Butcher aux trois vertus théologales du Premier Épître aux Corinthiens de Saint Paul (I Co. 13, 13) :
“Et à la fin, trois seules restent, la Foi, l’Espérance et l’Amour, mais l’Amour est le plus grand.”
Cela tombe bien, Michael est mon chevalier préféré.
Adaptation télévisuelle
Les livres sont très différents de la série télévisée. L’adaptation télévisuelle est même assez éloignée des idées originales de Butcher. Je me suis ennuyé avec la série, mais elle a eu le mérite de me faire connaître Harry Dresden : même les histoires sont différentes ?!
Régalez-vous avec cette série dont chaque volume peut se lire en une nuit. Le rythme est enlevé et le magicien est toujours au bout du rouleau. Au plus les affaires sont difficiles, et au moins il prend de douches : un bon repas est du domaine du rêve. Je préfère ne pas vous donner d’indice quant à l’intrigue qui sous-tend la série, puisque tout l’intérêt de la succession des enquêtes réside dans le fait que le départ s’effectue dans l’ignorance la plus totale de ce qui se trame en réalité.
Jim Butcher selon les Éditions Bragelonne
JIM BUTCHER est expert en arts martiaux depuis quinze ans, dompteur de chevaux, cascadeur, escrimeur…
Il vit dans le Missouri avec sa femme, son fils et un chien de garde particulièrement vicieux.
Donc, la connaissance de la suite des aventures de Harry Dresden demande de passer à la langue de Shakespeare américanisée…
à bientôt toutes et tous et indéterminables
Gilles ARNAUD